En Afrique de l’ouest, les importations massives de lait et de viande à bas prix, venues des Etats-Unis et d’Europe ont modifié durablement les habitudes alimentaires des populations locales. Le petit élevage familial se retrouve menacé par la concurrence des importations.
Les zones urbaines et péri-urbaines ont vu apparaître de plus en plus d’industries alimentaires (reconstitution de lait en poudre à partir d’huile végétal de palme, commercialisation de poulets congelés), travaillant à partir de produits importés à bas coûts et souvent de mauvaise qualité.
Une filière laitière locale au Sénégal…
Pour sa production de viande et de lait, l’élevage des bovins est essentiel dans l’économie sénégalaise. Dans la région de Kolda en Casamance, il fournit 20% de la production nationale de lait.
Partant du constat que le système des unités de transformation privées impose trop souvent des prix bas aux éleveurs, AVSF innove en installant des mini-laiteries, associant chacune 30 à 40 éleveurs. Ils collectent le lait eux-mêmes dans un rayon de 15km autour des centres urbains, puis le livrent à la laiterie. Ils sont ensuite rémunérés chaque mois en fonction du volume livré, à un prix fixé selon la saison, en concertation avec tous les acteurs de la filière.
…pour des produits locaux et compétitifs
Face à la concurrence du lait en poudre importé, AVSF innove également à la fois par la transformation et le conditionnement. Ainsi, de nouveaux produits peuvent être commercialisés : lait caillé sucré, lait frais pasteurisé, yaourt, thiacry (fromage blanc au couscous de mil)…
La concertation entre les acteurs a permis de fixer des prix profitables à chacun et concurrentiels par rapport aux produits importés. Ainsi, le lait frais pasteurisé et le lait caillé sucré sont vendus à 600 FCFA le litre sur les marchés urbains sénégalais (contre 800 FCFA pour le lait importé). Les prix sont donc compétitifs par rapport aux laits pasteurisés, caillés et concentrés fabriqués à partir de poudres importées (Bridel, Président, Vitalait, Roilait, Best lait, Jet, Ardo et Mamelle Jabot), permettant à l’agriculture familiale locale de prendre graduellement des parts de marché.
Aujourd’hui, soutenir l’élevage paysan et revenir à des produits locaux, semble bien être la meilleure solution pour la sauvegarde de l’élevage familial et pastoral au Sénégal.